La demi-lune est une structure mécanique semi-ouverte en demi-cercle qui permet de collecter l’eau de ruissellement et de favoriser son infiltration en créant une dépression à la surface des sols encroûtés. La demi-lune est une cuvette de la forme d’un demi-cercle ouverte à l’aide de pic, pioche et pelle. Elle vise à :
- Réduire le ruissellement des eaux pluviales et l’érosion hydrique.
- Augmenter l’infiltration et le stock d’eau du sol.
- Améliorer la fertilité du sol.
- Récupérer les terres encroûtées à des fins d’usages agronomiques agroforestiers.
- Restaurer la productivité des terres encroûtées.
Désignations | Informations techniques, institutionnelles, culturelles, économiques | |
Nom commun | Demi-lune | |
Pilier (1 à 5) | Pilier 3 : Améliorer durablement la productivité agricole et alimentaire, les revenus des ménages vulnérables et leur accès aux aliments | |
Secteur d’activités | Agriculture, élevage et environnement | |
Type de chocs auxquels la pratique apporte une réponse | Sécheresse, encroûtement | |
Zones d’application actuelles | Zone Sahélienne à pluviométrie inférieure à 600 mm | |
Zones potentielles d’application | Les demi-lunes sont plus pratiquées dans les régions semi-arides. Elles s’utilisent sur les sols dégradés, encroûtés des climats sahélien, sud-sahélien et nord-soudanien. La dénudation et l’encroûtement sont les traits spécifiques pour la mise en place des demi-lunes notamment sur les glacis. | |
Description de l’environnement humain /genre | Agriculteurs vulnérables. Organisations des producteurs et les ménages (hommes et femmes). | |
Description | Les demi-lunes sont réalisées sur les courbes de niveau préalablement tracées et les écartements sont de 8 m entre les lignes à partir du centre de la demi-lune et de 4 m entre les demi-lunes, soit une densité de 312 demi-lunes à l’hectare. Le nombre de poquets par demi-lune varie de 20 à 30.Processus de mise en place de la technique1) Repérage des courbes de niveau– Tracer des courbes de niveaux– Déterminer les courbes de niveau à l’aide d’un niveau à eau, d’un triangle à sol ou par un relevé topographique. 2) Disposition des demi-lunes– Les disposer en quinconce, sur les courbes de niveau, de façon que la demi-lune recueille l’eau de ruissellement de l’amont. c’est-à-dire que la disposition de la deuxième ligne de demi-lunes se fait en décalant les demi-lunes par rapport à celles de la première ligne de telle sorte que les extrémités des demi-lunes sur les deux lignes successives soient toujours au même niveau.– Sur une même ligne la distance entre 2 demi-lunes est de 4 m, soit 8 m de centre à centre ou peut être réduit à 2m.– Espacement d’une ligne à l’autre : 4 m– On obtient 312 à 417 demi-lunes par hectare selon les espacements. 3) Implantation de la demi-lune– Tracer de la demi-lune : tracer au sol un demi-cercle à l’aide d’un compas de 2 m de rayon. La base du demi-cercle est tournée vers l’amont de la pente et placée sur une courbe de niveau afin de recueillir le ruissellement de l’amont, qui s’infiltre.– Evider la terre à l’intérieur du demi-cercle sur une profondeur de 0,15 à 0,25 m afin de constituer la cuvette sur un diamètre de 4 m.– Déposer la terre de déblai sur le demi-cercle en un bourrelet semi-circulaire au sommet aplati. Son implantation se fait par pivotement à l’aide d’un compas de 2 m de rayon.– Protéger les extrémités des bourrelets de terre par des cailloux pour éviter l’érosion lors des débordements.– Ajouter une brouettée de fumier d’étable ou de compost (35 kg) par demi-lune et mélanger la matière organique avec la terre arable.– Sur les bourrelets on peut semer certaines légumineuses comme l’arachide, le gombo, etc. en prenant soin de ne pas trop remuer le bourrelet pour éviter de combler la demi-lune.Certains arbustes qui poussent sur les bourrelets peuvent contribuer à reconstituer la végétation du site s’ils sont bien gérés. | |
Type de réponse | Absorption, adaptation | |
Manière dont la BP renforce la résilience des populations | Conservation des eaux et des sols ; Atténuation des effets de la sécheresse ; Fertilisation des sols en culture pluviale ; Mobilisation des eaux de ruissellement ; Recharge de la nappe phréatique ; Augmentation des surfaces cultivables | |
Illustrations | ||
Type d’acteurs (1= porteurs ; 2 = Acteurs de soutien technique ; 3 = Acteurs financiers) | 1= Ménages ; organisation de producteurs2 = Services d’encadrement technique ; ONG ; Associations3= Etat ; collectivités territoriales ; ONG ; Projets et programmes, etc. | |
Communautés ciblées | 1. Organisation de producteurs2. Organisation de femmes3. Organisation de jeunes4. Privé | |
Niveau de connaissances techniques requis pour appliquer la BP | · Connaissance des outils et méthodes de détermination des courbes de niveau (levée topographique)· Connaissance de l’utilisation des charrues à traction animale | |
Conseils pratiques de mise en œuvre | La contribution des demi-lunes à l’adaptation au changement climatique peut être améliorée en y associant la végétalisation des sites en utilisant des herbacées (Cajanus cajan, Andropogon sp, cymbopogon sp.), la fumure organique et le paillage.Le simple fait de casser la croûte superficielle du sol afin d’améliorer l’alimentation hydrique du sol ne suffit pas pour augmenter de façon substantielle le rendement du sorgho qui est seulement de moins de 100 kg / ha de grains.Au Burkina Faso, la combinaison demi-lune et fumier permet une production variant entre 1,2 à 1,6 t/ha de grains. Les rendements de la demi-lune seule sont multipliés par 15 à 24 avec l’apport de compost. Les apports d’amendements organiques non encore décomposés (paille) associés au Burkina Phosphate fournissent des productions moyennes de 0,6 t/ha de grains de sorgho local. | |
Avantages / effets / impacts | Avantages de la technique : Réduire le ruissellement des eaux pluviales et l’érosion hydrique ; Augmenter l’infiltration et le stock d’eau du sol ; Améliorer la fertilité du sol ; Récupérer les terres encroûtées à des fins d’usages agronomique ou agroforestier ; Rendements multipliés par 15 dès la 1ère année ;- Faible coût ; Diminue la quantité de semences et d’amendements ; – Permet de produire sur de terres dégradées ; La contribution à l’adaptation au changement climatique peut être améliorée en y associant la végétalisation des sites en utilisant des herbacées (Cajanus cajan, Andropogon sp, cymbopogon sp.), la fumure organique et le paillage.Avantages économiquesLes expériences au Burkina Faso montrent que le TRI des demi-lunes est de 91,6% si l’on considère le rendement grain et de 145% si en plus on tient compte des résidus de récolte. L’investissement dans les demi-lunes est donc très rentable.Les expériences au Niger montrent que la valeur actuelle nette de l’investissement dans les demi-lunes est de 77 800 FCFA au taux d’actualisation de 10%. Cet investissement est rentable jusqu’au taux d’actualisation de 50%. Le taux de rentabilité interne des demi-lunes est estimé à 37%. | |
Contraintes liées à la mise en œuvre | · Main-d’œuvre importante pour la réalisation des demi-lunes.· Les rendements peuvent être réduits en raison d’inondations te mporaires qui influencent négativement le développement des cultures dans les demi-lunes ;· La faible disponibilité de matières organiques utiles pour une meilleure performance, dans les zones concernées, ne favorise pas l’amélioration des performances des demi-lunes. | |
Mesures nécessaires à la levée des contraintes | · Faciliter l’accès des producteurs aux petits équipements ;· Mécanisation de la pratique des demi-lunes et son adaptation à la zone soudanienne | |
Coût de réalisation | Coûts de la technologie– Le creusage d’un trou de demi – lune est de 175 FCFA pour creuser et vider.– L’apport de fumure organique pour 1 ha de demi-lune nécessite 35 charrettes. Le prix de revient d’une charrette de fumure organique est de 2500 FCFA.– Les coûts total de creusage d’un ha de demi – lune est de 50 000 FCFA22 / ha– Pour un hectare cela reviendrait donc à 137 500 FCFA/ha.Les coûts de réalisation d’un ha de demi-lune peuvent varier en fonction du coût de fabrication du fumier. Comme indiqué dans le tableau suivant, au Burkina Faso le coût a été estime entre 27 200 FCFA/ha Sans production du fumier et de 52 200 FCFA/ha, en produisant le fumier. Au Niger l’investissement initial a été estimé à 100 000 FCFA/ha avec des coûts additionnels similaires à ceux des tassa de 33 000 FCFA/ha. | |
Défis et perspectives pour la mise à l’échelle | La contribution des demi-lunes à l’adaptation au changement climatique peut être améliorée en y associant la végétalisation des sites en utilisant des herbacées (Cajanus cajan, Andropogon sp, cymbopogon sp.), la fumure organique et le paillage.Le simple fait de casser la croûte superficielle du sol afin d’améliorer l’alimentation hydrique du sol ne suffit pas pour augmenter de façon substantielle le rendement du sorgho qui est seulement de moins de 100 kg / ha de grains.Au Burkina Faso, la combinaison demi-lune et fumier permet une production variant entre 1,2 à 1,6 t/ha de grains. Les rendements de la demi-lune seule sont multipliés par 15 à 24 avec l’apport de compost. Les apports d’amendements organiques non encore décomposés (paille) associés au Burkina Phosphate fournissent des productions moyennes de 0,6 t/ha de grains de sorgho local. | |
Echelle dans le processus de diffusion et durabilité | Global (Maturité) | |
Recommandations pour la diffusion | Renforcement des capacités (formations des producteurs et vulgarisateurs, visites d’échange, réalisation de fiches techniques en langue, publication dans les quotidiens d’informations)Les demi-lunes, pour des risques d’engorgement ne doivent pas être pratiquées dans les bas-fonds. | |
Acteurs de mise en œuvre | INERA, PAM, FAORéseau MARP Burkina, 02 BP 5657 Ouaga-dougou 02, Burkina Faso. Tel. 50 39 22 33 ;- Fédération des Unions des Groupements Naam (FUGN), Ouahigouya ;- SOS Sahel International, – Hunger Project,- projet PDRD, – INERA, – UICN,- CILSS, etc | |
Bibliographie
MURILLO Alexander, WEISMAN Nathalie, ABDOURAHMAN Idyle, et ZERBO Vincent. Janvier 2015.
Recensement et évaluation des solutions à faible émissions de carbone et résilientes vis-à-vis du climat en Afrique de l’ouest dans le secteur AFOLU. Comité Permanent Inter- Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS). 143 pages
Ministère du développement agricole de la République du Niger – Recueil des fiches techniques en gestion des ressources naturelles et de productions agro-sylvo-pastorales, 270 p.
SP-CONEDD, 2011 ; Etude sur les meilleures pratiques de gestion durable des terres, 179 p.
Zougmoré Robert, Zida Zacharie – Récupération agronomique des terres encroûtées par la technique des demi-lunes – Fiche technique INERA n°8