L’approche « Champ-Ecole Paysan» part du constat et de la nécessité que les paysans doivent s’associer et comprendre effectivement ce qu’ils font en choisissant la méthode et les solutions qui leur sont appropriées. Lieux d’échanges d’expériences et de connaissances, les champs-écoles permettent aux producteurs d’apprendre en pratiquant et les dotent d’outils pour analyser leurs pratiques et identifier des solutions à leurs problèmes.
Se basant sur le fait que le paysan-agriculteur possède de l’expérience et un certain savoir dans le domaine agricole, l’approche CEP suggère de requérir sa participation en tant qu’acteur-clé du processus pour atteindre les résultats escomptés. La démarche de l’approche CEP vise à l’aider à prendre des décisions adéquates basées sur l’analyse de ses propres observations et à évaluer les résultats pour une réorientation judicieuse de ses interventions. L’approche CEP est jugée plus efficace que la formation et les visites de terrain, car elle permet une plus grande implication et une responsabilisation des producteurs favorables à une meilleure adoption par ceux-ci. Elle permet de développer chez le producteur la capacité à (i) identifier, analyser et interpréter les informations concernant les problèmes de son champ, (ii) Assurer que les techniques développées sont adaptées/appropriées aux conditions agro-écologiques et socioéconomiques des producteurs (iii) prendre des décisions basées sur l’analyse de ses propres expérimentations et (iv) évaluer les résultats pour pouvoir orienter ses décisions.
Désignations | Informations techniques, institutionnelles, culturelles, économiques |
Nom commun | Champs-Ecoles Paysans (CEP) |
Rubrique | Transformation et adaptation |
Pilier (1 à 5) | Pilier 3 : Améliorer durablement la productivité agricole et alimentaire, les revenus des plus vulnérables et leur accès aux aliments |
Secteur d’activités en fonction du pilier choisi | Agriculture, Elevage, Sécurité Alimentaire |
Type de chocs auxquels la pratique apporte une réponse | Sécheresse, pluviométrie Extrême, Fortes Température, inondation, marée, |
Zones d’application actuelles | Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger |
Zones potentielles d’application | Toutes zones agricoles |
Description de l’environnement humain /genre | Communautés rurales, groupement de producteurs |
Description | Le Champ école des producteurs ou Champ école paysans (CEP) est un cadre de rencontre et de formation, pour un groupe de producteurs, qui se déroule dans un champ tout au long d’une saison de culture. Il se conçoit comme un processus d’échange d’expériences et de connaissances où des producteurs qui partagent les mêmes intérêts, recherchent, discutent et prennent des décisions sur la gestion d’un champ en situation réelle.Dans le cas d’une spéculation donnée, le CEP type consiste en une formation pratique non formelle de 8 à 12 semaines d’expérimentation agricole répartie tout au long du cycle de végétation de la culture. Les agriculteurs sont tenus d’assister à des classes hebdomadaires durant toute la campagne de végétation. Pour ce qui est des cultures pérennes et/ou des produits arboricoles ou encore de l’élevage, les réunions peuvent avoir lieu tous les quinze jours.Les différentes étapes préparatoires de la mise en place d’un CEP1. Identification de l’axe du CEP : c’est l’étape la plus importante de la préparation d’une activité CEP. Il est crucial d’y consacrer suffisamment de temps afin d’éviter de faire participer les agriculteurs à des activités qui ne les intéressent pas.2. Identification des participants et formation du groupe d’apprentissage : selon l’axe de l’activité du CEP, la sélection des producteurs participants conditionne fortement la réussite de la formation et l’impact du programme.3. Identification du site d’apprentissage : tout CEP exige un site pour tenir les réunions et un objet d’étude, à savoir un champ ou un animal. Le site et/ou l’animal doivent être facilement accessibles et, de préférence, l’agriculteur propriétaire du champ ou de l’animal devrait être présent pendant les sessions du CEP.4. Formation des facilitateurs : le rôle d’un facilitateur est crucial pour le processus de CEP. Chaque CEP a besoin d’un facilitateur qui guide les participants tout au long d’une série d’exercices pratiques. Comme il ne s’agit pas d’une approche typique de vulgarisation, les facilitateurs doivent se soumettre à un programme spécial de formation de deux à trois semaines. Les facilitateurs peuvent être des agents de vulgarisation issus des pouvoirs publics ou d’organisations non gouvernementales, de sociétés privées ou bien des diplômés d’un CEP antérieur.5. Élaboration du programme d’études : une fois que le groupe CEP est constitué, le facilitateur élabore le programme sur la base des principaux problèmes identifiés par le groupe. Avec celui-ci, le facilitateur décide des activités à retenir afin d’explorer les problèmes de plus près, de tester des solutions et d’identifier quelles sortes d’aide. |
Type de réponse | Transformation, Absorption, anticipation |
Manière dont la BP renforce la résilience des populations | Les résultats de nombreux travaux montrent que les CEP permettent de :1) Renforcer les capacités des producteurs à faire face aux effets des chocs climatiques en adoptant les pratiques les plus appropriées ;2) Augmente les rendements chez les producteurs participants et renforce leur sécurité alimentaire ;3) Favorise l’émergence et la structuration des réseaux d’organisations paysannes qui contribuent à accroitre la cohésion sociale ;Toute chose qui transforme la communauté ou le ménage d’être suffisamment robuste et disposer. |
Illustrations (photos documentées) | |
Conseils pratiques de mise en œuvre | Eléments clés de la constitution d’un CEP (Source FAO, 2014)ü Le CEP regroupe 20 à 25 producteurs.ü Il se déroule dans le champ et dure toute une saison de culture (de la préparation du sol à la récolte).ü Dans le CEP, les producteurs cultivent ensemble plusieurs parcelles : une parcelle conduite selon les pratiques habituelles des producteurs de la zone (“Pratique paysanne” – PP) et une parcelle où ils expérimentent des techniques liées à la Gestion intégrée de la production et des déprédateurs (GIPD).ü Le CEP inclut d’autres études spéciales en fonction des problèmes identifiés par les producteurs.ü Le choix de la culture et des études spéciales est effectué par les producteurs pour les aider à trouver des solutions à leurs problèmes.ü Le CEP sur la GIPD permet un apprentissage sur la gestion et l’écologie de la culture, la gestion de la fertilité du sol, le rôle des insectes bénéfiques, la réduction des risques des pesticides.ü Chaque session hebdomadaire de CEP, lorsque la culture est mise en place (en pépinière ou en parcelle), inclut au moins une activité d’Analyse de l’agroécosystème (AAES).ü L’activité se termine par une discussion et des décisions sur la gestion de la culture dans les différentes parcelles.ü Les méthodes du CEP sont basées sur l’apprentissage par l’expérience, centrées sur l’apprenant et basées sur les principes de l’éducation non formelle des adultes.Le groupe est appuyé par au moins un facilitateur. Son rôle est de créer des opportunités d’apprentissage par l’expérience, pas de diffuser des messages ou technologies prédéfini(e)s. |
Avantages / effets / impacts sur la résilience | Les activités du CEP reposent davantage sur la découverte et la réflexion par les agriculteurs eux-mêmes ; il n’y a donc pas de risque de ne pas faire confiance aux conseillers agricoles en raison du manque d’efficacité de recommandations erronées ou trop généralistes. Par ailleurs, les capacités d’apprentissage renforcées dans le cadre des CEP peuvent s’appliquer à d’autres situations de résolution de problèmes dans différents contextes donc sur d’autres types de chocs. Le CEP fournit des occasions de vulgarisation entre agriculteurs et permet de réduire la dépendance des agriculteurs vis-à-vis des systèmes formels de vulgarisation dont le délai d’intervention en cas de choc ou crise ne peut pas booster la capacité d’absorption.Le CEP est une méthode de formation la plus effective et efficiente pour favoriser l’adoption des pratiques, techniques et technologies appropriées aux contextes des producteurs et productrices. Au-delà, le CEP renforce les relati ons communautaires et la capacité d’écouter les opinions d’autrui, de formuler et d’exprimer un point de vue personnel et de trouver des solutions en commun grâce à un processus d’échanges et d’apprentissage.Amélioration du rendement moyen des cultures allant de 21 % à 77 % pour le sorgho, le mil, le riz, le maïs, le sésame et le coton par rapport aux semences des variétés locales. Cela s’expliquerait par l’adoption de variétés améliorées, de semences certifiées et par l’application des Bonnes Pratiques Agricoles apprises sur la parcelle CEP (FAO, 2018). Le même rapport fait mention de l’adoption des bonnes pratiques des CEP par 11 414 producteurs sur 9 144 ha, toute spéculation confondue, avec des taux d’amélioration de rendements de 16 % pour le maïs, 24 % pour le mil, et 19 % pour le sorgho.Au Burkina Faso, les CEP ont permis d’enregistrer (Sissoko et al. 2012):– une réduction de 25 à 50 % de la quantité de semence nécessaire pour la riziculture ;– une réduction de 50% d’utilisation des pesticides pour les cultures maraîchères, de 30 % pour le coton et de 100 % pour le riz ;– une augmentation des connaissances par les paysans des statuts des insectes (ravageurs et ennemis naturels), de leurs cycles biologiques et des phénomènes de compensation des dégâts par la plante et enfin ;– une amélioration de 15 à 50% des rendements. |
Contraintes liées à la mise en œuvre | Les opérations culturales dans les parcelles CEP : problèmes de la semence, de la qualité du compost et du manque d’eau ou le manque de rigueur dans la sélection des sites et pour une meilleure organisation de la fourniture des intrants. • Participation : la nature intensive et exigeante des activités du CEP peut rendre difficile la participation des ménages vulnérables, y compris les ménages dirigés par des femmes. • Durabilité : certains programmes rémunèrent les agriculteurs pour leur participation mais cela risque de nuire à la durabilité à long terme des CEP en tant qu’approche de vulgarisation. |
Mesures nécessaires à la levée des contraintes | Par rapport à la durabilité, on peut promouvoir l’exemple de certains pays de l’Afrique de l’Est ou on rencontre des CEP autofinancés (fonds tournants) et semi-autofinancés (bénéficiant d’une subvention) sont en place, les agriculteurs partagent les coûts et contribuent à la continuité et à la durabilité en utilisant des parcelles commerciales pour rembourser des prêts afin de continuer à gérer les écoles à expiration des projets financés par des tiers. |
Coût de réalisation | La plupart des CEP ont été mis en œuvre par le biais de programmes financés par des sources extérieures. Les couts de réalisation sont fonction du cadre et du contenu, des cultures et du pays considéré.A titre indicatif (2015) le budget estimatif par CEP tiré du manuel d’opération d’un CEP (MARNDR/RESEPAG II, 2015) en Haïti est d’environ de 5 709 900 FCFA (soit 9516.50$). Ce budget va de la formation des cadres à la tenue de la formation pratique des paysans en passant par la mise en place des expérimentations. |
Défis et perspectives pour la mise à l’échelle | Renforcer l’appropriation locale et la pérennité institutionnelle du dispositif CEPOpérationnaliser le suivi-évaluation comme outil de pilotage du dispositif CEPRenforcer les capacités entrepreneuriales des producteurs |
Echelle dans le processus de diffusion et durabilité | Intermédiaire |
Recommandations pour la diffusion | La formation systématique des facilitateurs et formateurs-relaisLe CEP pourrait ne pas être efficace s’il est seulement utilisé pour accroître les rendements par la « délivrance d’un message » ou pour démontrer une technologie. |
Partenaires de mise en oeuvre | FAO, |
Bibliographie
Bikienga, I.M., Diarra, B., Gassama, A., Van Paassen, A., Van Der, V.H., Champs-Ecoles des Producteurs – pour le Burkina Faso, le Mali et le Sénégal (GCP/INT/813/NET). Rome, Italie, FAO, Février 2005, 125p.
Thomas COUSSENS, Wilma BAAS (CTB), Richard OUOROU BOUN, Bertus WENNINK (KIT), 2016 –
Waddington, H. et Howard White. 2014. Farmer field schools: from agricultural extension to adult education. Systematic Review Summary 1. Londres, Initiative Internationale pour evaluation impact
FAO, 2014. Conduire des Champs écoles des producteurs. Guide du facilitateur. 97 p.
Dhamankar, M. et Wongtschowski, M. 2014. Champs écoles paysans (CEP). Note 2. Notes du GFRAS sur les bonnes pratiques de services de vulgarisation et de conseil rural. GFRAS : Lindau, Suisse. 4p.
FAO, 2018. Évaluation finale du projet «Intégration de la résilience climatique dans la production agricole pour la sécurité alimentaire en milieu rural au Mali». Rapport d’Evaluation. 70 p.
Sissoko, F., Ouédraogo, S., Dembélé, B., Coulibaly. D., 2012. Expérimenter avec la communauté villageoise : l’expérience des champs écoles. Principes généraux du CEP. In Vall E., Andrieu N., Chia E., Nacro H B. Partenariat, modélisation, expérimentations : quelles leçons pour la conception de l’innovation et l’intensification écologique ? Actes colloque. Cirad, 7 p.
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